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Teresin - Mémoire vivante (2014-2015)

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Le projet a débuté en cours d’histoire afin de donner aux élèves un contenu scientifique solide leur permettant de replacer les documents, les sources dans un contexte plus large, dans une histoire longue et d’éveiller leur sens critique.

En cours de Français, ils ont lu Himmelweg de Juan Mayorga et un témoignage portant sur la Shoah – choisi dans une liste distribuée en début d’année. Les élèves ont également réfléchi à ce que l’expression artistique peut apporter à l’évocation des événements du passé et à la question de l’engagement. Les élèves ont ensuite travaillé sur un projet d’enregistrement de lectures expressives constituant un corpus de poèmes et chants évoquant la réalité des camps : chants tziganes, poèmes d’Eluard, de Desnos ou d’anciens déportés et chansons contemporaines de Bashung, Fauve ou Cohen.

L’atelier théâtre a débuté au retour des vacances de la Toussaint. Tous les élèves ont mis en scène la pièce de théâtre avec Didier Lesour, certains devenant acteurs, d’autres costumiers. Les costumes ont été confectionnés à partir d’habits oubliés au collège par les élèves au fil des années. L’atelier s’est poursuivi à Terezin, les élèves ont donné une représentation de la pièce.
En janvier, Ida Grinspan est venue témoigner de sa déportation au camp d’Auschwitz. Les élèves ont étudié les textes et les dessins d’Helga Weissova (Le Journal d’Helga récemment édité dans une version française) et de Petr Ginz (Journal 1941-1942), deux enfants internés à Theresienstadt. La réflexion s’est aussi poursuivie avec la projection du documentaire « Requiem pour la vie » de Doug Schultz qui relate l’acte de résistance du chef d’orchestre Rafael Schäfter qui monta avec les prisonniers de Terezin le Requiem de Verdi. Les élèves se sont alors interrogés sur la nécessite de l’art comme une forme de réconfort et de négation du mal, comme l’affirmation d’une sensibilité et d’une conscience de l’humanité que l’on ne peut détruire.

En février, en technologie et dans le cadre de la réalisation sur projet, le travail a débuté par un brain storming autour de l’instantanéité des émotions et des moyens de les transmettre ou de les partager, c’est ainsi que la TweetBox s’est peu à peu définie. Répartis en quatre groupes, les élèves ont ensuite travaillé à la définition fonctionnelle et à la recherche de solutions techniques pour aboutir à une présentation devant un jury en mai, avant le départ pour Terezin. Chaque groupe devait, entre autres, présenter une maquette à l’échelle 1:2 ainsi que la description fonctionnelle du produit. A l’issue de cette présentation, deux des quatre projets présentés ont alors été choisis pour être développés au retour de Terezin par la classe dans son ensemble, nécessitant une re-définition des fonctions précédemment énoncées et des rôles de chacun des élèves de la classe.

En mai, nous sommes partis une semaine dans l’ancien ghetto de Theresienstadt.
L’atelier de théâtre animé par Didier Lesour s’est poursuivi in situ. Cela a permis de confronter l’œuvre théâtrale (donc une fiction) avec la réalité du lieu. Mais dans la mesure où cette prétendue réalité n’est qu’un leurre (un masque), c’est la fiction théâtrale qui « parle vrai ». Par exemple, en rajoutant une rampe d’accès au crématoire (un « himmelweg »), absente à Terezin, mais bien présente à -Auschwitz-Birkenau à partir d’une certaine époque- l’auteur dépasse le leurre pour dénoncer la vérité du régime nazi. La réalité de Terezin c’est également celle de tous les autres centres de mise à mort Maïdanek, Treblinka…

Les relations entre Art et Histoire ont ainsi été questionnées, la fonction d’artifice du théâtre permettant ici de dénoncer la falsification de l’histoire.

Aller à Terezin, n’était pas sans un souci de documentation naturaliste (à la manière de Zola). Il ne s’agissait pas de partir du lieu pour travailler théâtralement, mais bien de partir du texte de Juan Mayorga, pour retrouver in situ les traces de son inspiration, et de mesurer à cette occasion les écarts de l’œuvre théâtrale avec la « réalité » (ou au moins ce qu’il en reste). L’écart le plus important est bien l’himmelweg –absent à Terezin.

L’intérêt d’aller (et de travailler) sur place a permis de voir, non la « réalité », mais l’ »apparence » le leurre, la « réalité de l’apparence ». En allant sur le « vrai lieu », nous avons pu voir l’artifice –qui « fausse » l’histoire - et qui est la seule vérité. Or, l’artifice, c’est l’essence même du théâtre. Double interrogation donc, à la fois sur l’histoire et sur l’œuvre d’art.

L’atelier interdisciplinaire animé par Roman Kroke s’est déroulé sur le terrain de la « Petite Forteresse », ancienne prison de la Gestapo, qui aujourd’hui abrite une exposition permanente. Pendant l’occupation nazie, elle a « accueilli » 27 000 hommes et 5 000 femmes, pour la plupart prisonniers politiques tchèques, arrêtés pour opposition au nazisme, soutien aux citoyens poursuivis, violation des mesures anti-juives, mais également des soldats et officiers de l’ex-armée tchèque passés à la résistance militaire et l’intelligentsia tchèque qu’il convenait d’éliminer comme une source potentielle de résistance.

La première phase de l’atelier a été consacrée à explorer des pistes thématiques diverses afin que les élèves puissent, dans la deuxième phase, fonder leurs créations artistiques :

1. Une mémoire VIVANTE
Dans un premier temps, le groupe s’est lancé dans une discussion autour des questions suivantes :

  • Qu’est que vous entendez par le terme « mémoire VIVANTE » ?
  • Les lieux de mémoire que vous avez visités dans le passé ont-ils, d’après vous, présenté l’histoire d’une manière « vivante » ?
  • Que faire avec les traces de l’histoire ? Faut-il garder les lieux de mémoire dans leur état original, les « muséifier » et/ou les soumettre à une rencontre plus dynamique avec les visiteurs ?
  • Comment percevez-vous le comportement de la plupart des visiteurs d’un mémorial ?

2. Laisser une TRACE personnelle …
À la fin de cette discussion, un des buts principaux de l’atelier fut défini : Chaque élève aura le défi de sortir du rôle trop souvent « passif-consommateur » du visiteur d’un mémorial - et de laisser à Terezín une trace personnelle en forme de l’œuvre artistique.
S’approprier du lieu tout en gardant du respect envers son héritage historique !

3. La métaphore de l’ARBRE
Ensuite, les élèves se sont mis en groupes pour explorer le potentiel métaphorique d’un « arbre » à travers des photos différentes :
Ses racines, son tronc, les branches, … que pourraient-ils représenter sur le plan symbolique par rapport à la relation entre l’histoire, le présent et l’avenir ?
Si on regarde ce que les humains fabriquent avec le bois de l’arbre (par exemple des maisons, tables, chaises, …) : Qu’est-ce que ceci pourrait symboliser par rapport à la question comment l’homme traite l’histoire (dans le cadre d’un mémorial, d’une publication, … ) ?

Le film réalisé par Victor Thomas

Theresienstadt -mémoire vivante- from CARLINGUE FILM on Vimeo.